Ecouter le concert spirituel dans son intégralité (méditations et extraits musicaux) :


Evangile de Jésus Christ selon Saint Luc :

Nous voici, au seuil de ce tombeau. L’écho de cette page d’évangile nous parvient de ses profondeurs. Le silence du saint Sépulcre appelle son mystère à la nuit. Les profondeurs du roc, dans lequel il est taillé, renferment le corps meurtri du Seigneur. Voici la dépouille très sainte, de Celui qui né de la Vierge Marie, fut crucifié ce jour, sous Ponce Pilate.  

Orgue, instrument sacré, lance l’ancre de la foi au roc de l’espérance. Fermement arrimé, dis-nous le souffle qu’expira le Dieu de charité. Sans troubler son repos, de l’épopée de la Passion souffle-nous l’air du Calvaire. Puis, descente du corps en croix, reconduis nous au port paisible de son tombeau.

Percevez-vous, dans cet écho lointain, le mystère arrimant ici les Cieux très Saints ? Les  profondeurs de cette terre, en accueillent le précieux grain. Tel est l’ancrage de ce tombeau, il a le Ciel pour berceau. Son linceul nous dit les langes, de Celui qui non loin de là, naquit à Bethléem. 

De ces langes, vous souvenez-vous bergers ? Elles confirment la parole d’un Ange venant du haut des Cieux. Au seuil de ce tombeau, le voici qui veille à la pierre roulée.

Chantez-nous, Ange de la Nativité, votre tour de veille. Dites-nous, au seuil de ce tombeau, le mystère que vous entonniez, au lever de son berceau. Ange à la voix si pure, conduisez-nous non loin de là, aux profondeurs d’une mangeoire, sculptée du bois de la vraie Croix.

Que la voie d’enfance est douce au seuil de Son tombeau. Echo du prophète Isaïe, le chant angélique annonce l’heureuse nouvelle : « un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Is 9, 6). Dans la nuit du Vendredi Saint, alors que nous veillons à la pierre roulée, entendez-vous le déploiement d’une prophétie s’arrêtant à son chevet ?  « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Is 9, 6).

Ange du mystère de la Nativité, dites-nous encore de quel amour nous sommes aimés. Car le Grand Dieu dans Sa bonté, nous a donné Son fils unique. Né à Bethléem, la ville de Jessé ; Son corps repose au silence de ce tombeau, si près de Jérusalem.

Portant haut les insignes de Sa royauté, de votre souffle, Ange, vous nous murmurez : « son pouvoir est sur son épaule » (Is 9, 6). De la précieuse prophétie, dont votre chant déploie tous les accents, vous nous donnez à contempler l’épaule du Verbe Incarné : « un enfant nous est né, un fils nous a été donné, son pouvoir est sur son épaule ». Il est vrai que sur l’épaule sacrée, la Croix en ce Vendredi Saint, a reposé. Gibet épaulé au Seigneur, potence enlacée dans Ses bras. Grands ouverts, ils sont promis aux noces de la Croix.

 Bois sanctifié, par un corps qui près de nous repose, qui nous chantera vos mystères ? Ange de la nuit de Noël est-ce vous ?  Gardien du mystère de Sa Nativité, que nous faites-vous entendre dans le lointain ? 

Il est vrai que du seuil de ce tombeau, un chant monte au jardin endeuillé. Si près de l’Ange de la Nativité, est-il si étonnant d’y rencontrer un berger ? Entendez-le, dans le lointain des verts pâturages, chantant au-devant de son troupeau la victoire de l’Agneau. Tendez l’oreille, le voilà qui approche. Ecoutez sa voix, de l’orée d’un bois, elle dévoile les mystères. 

Que chantez-vous berger ? Dites-le nous. Quel est donc cet arbre dont vous louez la douceur du bois comme celle des clous ? Serait-ce du gibet de la Croix, l’infâme potence ?

Calmant le trouble de notre consternation, le saint berger nous livre le trésor de ses méditations. Des pâturages fleuris aux verdoyantes prairies, il puise son inspiration à l’Arbre de Vie. Du jardin endeuillé, entourant ce tombeau, les vers de ce poète nous parviennent en écho. Chantant de la Croix les verts ramages, écoutez plutôt leur mystérieux hommage :

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !
Nulle forêt n'en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !
Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau !

Ce qu’il a plu à la sagesse divine de tenir caché même aux plus savants, nous est révélé par un simple berger, le soir couchant. De la poésie de sa chanson, retiens Chrétien, la salutaire leçon : lorsque tu t’approches du mystère de la Croix, ce n’est pas la souffrance qu’il te faut considérer. Apprends plutôt du saint berger, le regard d’une foi qui médite. Aux traverses d’un bois par trop écartelé, la foi remonte à cet arbre dont il est taillé. Chemin faisant laisse le berger par son chant, remonter d’Eve à Adam. Du mystère venant avec la nuit, il te fera passer de même, de la mort à la vie.  

Chante ô ma langue, les lauriers d’un glorieux combat.
Sur le trophée de la Croix, chante le grand triomphe ; 
Raconte-nous comment, le Rédempteur triomphe, en s’immolant.

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !
Nulle forêt n'en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !

Dieu compatit au malheur du premier homme sorti de ses mains. 
Dès qu’il mordit à la funeste pomme, Adam sombra dans la mort. 
Dieu, désigna un arbre dont la nouveauté a pour mission,
de réparer les malheurs causés par le premier Adam.

Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau ! 

L’économie de salut réclamait une œuvre réparatrice ;
Pour que du serpent, Dieu puisse déjouer le funeste artifice.
De la mort il t’apporte le remède, que dans son tort l’ennemi avait causé. 

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !Nulle forêt n’en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !

Quand la plénitude des temps fut arrivée, 
De son Père, le Fils créateur du monde, fut envoyé 
Dans le sein d’une Vierge, il se revêtit de chair et en sortit.

Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau !

Il vagit, le petit enfant, couché dans l’étroite crèche ;
De langes, la Vierge sa mère, enveloppe ses membres
Comme sur l’Arbre de vie, pieds et mains liés, Dieu est emprisonné. 

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !
Nulle forêt n'en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !

Le temps de six lustres est écoulé, la durée de sa vie mortelle est accomplie : 
le Rédempteur, de lui-même, se livre aux tourments de sa Passion ; 
Agneau divin il est cloué à la Croix, bois très saint sur lequel, il s’immole.

Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau !

On l’abreuve de fiel ; il languit ; 
les épines, les clous, la lance transpercent son corps !
De l’eau jaillit et avec elle du sang. 
Terre, océan, astres, monde, que son fleuve vous purifie !

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !
Nulle forêt n'en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !

Ploie tes rameaux, arbre sublime, 
Relâche tes fibres tendues, fléchis cette rigidité rugueuse que t’a donnée la nature. 
Offre un soutien plus doux aux membres sacrés du Roi du ciel.

Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau !

O Croix, seul arbre digne entre tous de porter la victime du monde, 
seul digne de façonner l’arche qui guide au port le monde naufragé,
Tu fus empourprée du sang divin s’échappant du corps de l’Agneau.

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !
Nulle forêt n'en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !           

Gloire soit éternellement à la bienheureuse Trinité. 
Honneur égal au Père et au Fils, comme aussi au Paraclet.
Que le nom du Dieu un et trois soit loué dans tout l’univers.

Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau !

Qu’il est doux Berger, d’ainsi accompagner, le repos du Crucifié. Echanson de l’Arbre de vie, vous versez en nos âmes, la douceur insoupçonnée du crucifix. La douceur de son bois, la douceur de son clou n’a plus de secret à présent pour nous. 

            Alors qu’avec l’Ange, nous méditions la douceur de l’Arbre de vie, un aboiement solitaire se fit entendre dans la nuit. Qu’entends-tu chien fidèle, demanda le berger. Serait-ce sur le chemin que tu sens le danger ? 

Escaladant les roches de l’imposant tombeau, l’intrépide berger parvient sur son haut. La main pour visière, il scrute le lointain ; le couchant en arrière, lui révèle le chemin. 

Que voyez-vous Berger ? lui crions-nous, alors qu’à nos côtés, l’Ange fléchit le genoux. Sur les hauteurs, les mains en porte-voix, le berger sonne, comme l’arrivée d’un roi.

Dans le silence du Sépulcre, une telle annonce résonne dans la nuit. Voici la mère du Seigneur. Elle vient, non sans douleur, veiller son fils. 

A son arrivée, le Berger de l’Arbre de vie comme l’Ange de la Nativité, saluent agenouillés, la mère du Crucifié. La voici au pied de ce tombeau la mère du Seigneur comme elle fut enracinée au pied de l’Arbre de vie, la mère des douleurs.

Alors que s’achève notre tour de veille, au seuil de ce tombeau à la pierre roulée,  écoutons l’Ange, écoutons le Berger…

Vox in Deserto Abbé Benjamin Martin
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