Vendredi Saint, 10 avril 2020

En ce Vendredi Saint, il nous est donné de suivre le Seigneur dans le mystère de sa Passion. Nous l’accompagnons dans la nuit de son procès dérisoire d’une maison à l’autre. Chemin faisant nous passons d’un prêtre à un autre, jusqu’à déposer le fardeau de sa condamnation, aux mains de l’Autorité romaine. 

Ponce Pilate a beau interroger le Roi humilié : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38), il s’en lave la main. Oui, en suivant la voie d’enfance, nous laissons de côté la complexité de l’âge adulte avec ses raisonnements. Nous ne cherchons pas – c’est la voix du monde – à excuser Pilate.

Dans le désert du Calvaire où nous nous tenons, il n’y a que peu de place. Seuls y demeurent les amis fidèles, Sainte Marie-Madeleine et Saint Jean. C’est à leur côté, si près de la Sainte Vierge, que je vous invite aujourd’hui à lever les yeux vers le Crucifié.

Pour vivre ce jour avec des yeux d’enfants,  je joins à cette lettre l’hymne Crux fidelis. Nous y retrouvons le saint poète Fortunat dépeindre le mystère de la Croix. Ce soir, comme à la veillée funèbre, nous en méditerons les vers.

Mais déjà laissez résonner en vous la douceur de sa musique. La Plume du saint Evêque ne manque pas d’air, j’en conviens. Elle chante la majesté d’une Croix qui n’est autre que l’Arbre de vie :

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous !

Nulle forêt n’en produit de semblable avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits !

Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau !

Seul l’enfant peut contempler la douceur d’une Croix car il en partage l’innocence. Tel est son fruit.

En ce jour, sans bénédiction, je vous assure de ma fidèle prière,

abbé Benjamin MARTIN


Antiphona 
1 Crux fidélis, inter omnes arbor una nóbilis : nulla silva talem profert fronde, flore, gérmine.
2 Dulce lignum dulces clavos, dulce pondus sústinet.

Hymnus 
1 Pange, lingua, gloriósi láuream certáminis, et super Crucis trophǽo dic triúmphum nóbilem : quáliter Redémptor orbis immolátus vícerit.
2 Crux fidélis, inter omnes arbor una nóbilis : nulla silva talem profert fronde, flore, gérmine.
1 De paréntis protoplásti fraude Factor cóndolens, quando pomi noxiális in necem morsu ruit : ipse lignum tunc notávit, damna ligni ut sólveret.
2 Dulce lignum dulces clavos, dulce pondus sústinet.
1 Hoc opus nostræ salútis ordo depopóscerat : multifórmis proditóris ars ut artem fálleret : et medélam ferret inde, hostis unde lǽserat.
2 Crux fidélis, inter omnes arbor una nóbilis : nulla silva talem profert fronde, flore, gérmine.
1 Quando venit ergo sacri plenitúdo témporis, missus est ab arce Patris Natus, orbis Cónditor : atque ventre virgináli carne amíctus pródiit.
2 Dulce lignum dulces clavos, dulce pondus sústinet.
1 Vagit Infans inter arcta cónditus præsépia : membra pannis involúta Virgo Mater álligat : et Dei manus pedésque stricta cingit fáscia.
2 Crux fidélis, inter omnes arbor una nóbilis : nulla silva talem profert fronde, flore, gérmine.
1 Lustra sex qui iam perégit, tempus implens córporis, sponte líbera Redémptor passióni déditus, Agnus in Crucis levátur immolándus stípite.
2 Dulce lignum dulces claves, dulce pondus sústinet.
1 Felle potus ecce languet : spina, clavi, láncea mite corpus perforárunt, unda manat et cruor : terra, pontus, astra, mundus, quo lavántur flúmine !
2 Crux fidélis, inter omnes arbor una nóbilis : nulla silva talem profert fronde, flore, gérmine.
1 Flecte ramos, arbor alta, tensa laxa víscera, et rigor lentéscat ille, quem dedit natívitas : et supérni membra Regis tende miti stípite.
2 Dulce lignum dulces clavos, dulce pondus sústinet.
1 Sola digna tu fuísti ferre mundi víctimam : atque portum præparáre arca mundo náufrago : quam sacer cruor perúnxit, fusus Agni córpore.
2 Crux fidélis, inter omnes arbor una nóbilis : nulla silva talem profert fronde, flore, gérmine.

Conclusio numquam omittenda
1 Sempitérna sit beátæ Trinitáti glória : æqua Patri Filióque ; par decus Paráclito : Uníus Triníque nomen laudet univérsitas. Amen.
2 Dulce lignum dulces clavos, dulce pondus sústinet.
Antienne 
1 O Croix, objet de notre confiance, arbre illustre entre tous : nulle forêt n’en produit de semblable par le feuillage, les fleurs et les fruits.
2 O doux bois aimable, ô doux clous, quel doux fardeau vous supportez !

Hymne 
1 Chante, chante, ma langue, les lauriers d’un glorieux combat ! Sur le trophée de la Croix chante le grand triomphe ; Raconte comment le Rédempteur du monde triomphe en s’immolant.
2 O Croix, objet de notre confiance, arbre illustre entre tous : nulle forêt n’en produit de semblable par le feuillage, les fleurs et les fruits.
 
1 Dieu compatit au malheur du premier homme sorti de ses mains. Dès qu’il mordit à la pomme funeste, Adam se précipita dans la mort. Dieu lui- même désigna l’arbre nouveau pour réparer les malheurs causés par le premier.
2 O doux bois aimable, ô doux clous, quel doux fardeau vous supportez !
1 Cette œuvre réparatrice, l’économie de notre salut la réclamait ; Dieu voulait que l’artifice du serpent fût déjoué par un autre artifice ; il voulait porter le remède là où l’ennemi avait causé le tort.
2 O Croix, objet de notre confiance, arbre illustre entre tous : nulle forêt n’en produit de semblable par le feuillage, les fleurs et les fruits.
1 Quand donc fut arrivée la plénitude des temps annoncés, du haut du trône de son Père, le Fils, créateur du monde, fut envoyé. Dans le sein d’une Vierge, il se revêtit de chair et il naquit.
2 O doux bois aimable, ô doux clous, quel doux fardeau vous supportez !
1 Il vagit, le petit enfant, couché dans l’étroite crèche ; la Vierge, sa mère, enveloppe de langes ses membres emprisonnés, et des bandelettes étroites enserrent les pieds et les mains d’un Dieu.
2 O Croix, objet de notre confiance, arbre illustre entre tous : nulle forêt n’en produit de semblable par le feuillage, les fleurs et les fruits.
1 Le temps de six lustres est écoulé, la durée de sa vie mortelle est accomplie : le Rédempteur, de lui-même, se livre aux tourments de sa Passion ; Agneau divin.il est cloué à la croix, bois très saint sur lequel il s’immole.
2 O doux bois aimable, ô doux clous, quel doux fardeau vous supportez !
1 On l’abreuve de fiel ; il languit ; les épines, les clous et la lance transpercent le doux corps ! De l’eau jaillit ; avec elle, du sang. Terre, océan, astres, monde, que le fleuve vous purifie !
2 O Croix, objet de notre confiance, arbre illustre entre tous : nulle forêt n’en produit de semblable par le feuillage, les fleurs et les fruits.
1 Ploie tes rameaux, arbre sublime, relâche tes fibres tendues, fléchis cette rigidité rugueuse que t’a donnée la nature. Offre un soutien plus doux aux membres sacrés du Roi du ciel.
2 O doux bois aimable, ô doux clous, quel doux fardeau vous supportez !
1 O Croix, seul arbre digne entre tous de porter la victime du monde, seul digne dé façonner l’arche qui guide au port le monde naufragé, car tu fus empourprée du sang divin qui s’échappe du corps de l’Agneau.
2 O Croix, objet de notre confiance, arbre illustre entre tous : nulle forêt n’en produit de semblable par le feuillage, les fleurs et les fruits.

Conclusion à ne jamais omettre
1 Gloire soit éternellement à la bienheureuse Trinité. Honneur égal au Père et au Fils, comme aussi au Paraclet. Que le nom du Dieu un et trois soit loué dans tout l’univers. Ainsi soit-il.
2 O doux bois aimable, ô doux clous, quel doux fardeau vous supportez !
 
 
Vox in Deserto Abbé Benjamin Martin