Aux origines du mois de Marie

Si le mois de mai est le mois consacré à la Vierge Marie, c’est en raison du retour des beaux jours et, avec eux, de celui des fleurs. Après l’hiver et le carême, voilà que les autels de Notre Dame, à l’image des jardins, retrouvent des couleurs et célèbrent la fleur d’entre les fleurs, la Rosa Mystica.

Si bien des poètes ont chanté la renaissance du mois de mai, c’est à un des pieux rois de Castille qu’en revient la primauté. Combien Alphonse X (1221-1284) a-t-il raison d’associer à la beauté du mois de mai, celle de la Vierge tant célébrée (Cf. Cantigas de Santa Maria). Ce lien floral se retrouve dans ces couronnes de fleurs, qu’au début du mois de mai, le Bienheureux Henri Suso, aimait offrir à la Mère du Seigneur.

Avec Saint Philippe Néri, mai devient le mois que la jeunesse consacre à la Vierge Marie. Si elle lui offre volontiers les primes fleurs de mai, cette jeunesse est invitée par le Saint à cultiver les vertus de cette Vierge sans pareille.

Dans leur collège, à Cologne ou à Rome, les Jésuites ne sont pas en reste. A la jeunesse qui leur est confiée pour étude, ils joignent la piété. C’est ainsi que les exercices du mois de mai sont consacrés à la contemplation de cette Vierge admirable et combien digne de louanges !

A la suite des Franciscains de Naples, le mois de Marie se fête au XVIIe siècle à jour passé. Du petit office de la Vierge aux chapelets, de nombreux manuels de piété viennent alors accompagner la prière quotidienne des fidèles au mois de mai. C’est sous ce titre – Mensis Marialis – que bien des ouvrages paraissent au fil des siècles pour accompagner la prière des fidèles dont la première recension est l’ouvrage d’un bénédictin daté de 1549.

Dans les églises italiennes du XVIIe siècle la dévotion du mois de Marie se répand. Il est célébré officiellement dans les Etats Pontificaux au XVIIIe siècle et se propage alors dans l’univers chrétien, arrivant en France – Royaume de la Vierge Marie – aux portes de la révolution.

Pour l’Association des Enfants de Marie, célébrer le mois de mai répond directement aux demandes que la Sainte Vierge adressa à Sainte Catherine Labourée en 1830. En effet, lorsqu’elle apparaît en la chapelle de la rue du Bac de Paris, elle demande à ce que des jeunes filles lui soient consacrées au sein d’une pieuse association répondant au nom d’Enfants de Marie. En plus de la garantie de ses grâces, la Sainte Vierge demande que ses filles célèbrent en grande pompe le mois de mai que lui est consacré. C’est ainsi, qu’après les Apparitions de Lourdes, Sainte Bernadette sera reçue chez les Enfants de Marie le 8 septembre 1859.

Si le mois de mai appartient aux devoirs des Enfants de Marie, il est destiné à l’ensemble du peuple chrétien. En effet, c’est à nous tous que notre Seigneur Jésus, du haut de la Croix, nous confie à sa Mère : « Femme voici ton Fils » – « Fils voici ta Mère » (Jn 19, 26, 27) ! En Enfants de Marie n’ayons donc aucune crainte de prendre Marie chez nous. Elle est la Mère du Christ et notre Mère, une Mère aimable, admirable, une Vierge sans pareille…

C’est pour honorer la Rose du mois de mai en Enfants de Marie que cette rubrique Mensis Marialis nous accompagnera, de la saint Joseph artisan fêté ce 1er mai jusqu’en la fête de la Visitation qui vient le clôturer.

En visitant Notre Dame chaque jour du mois de mai, en lui adressant nos fleurs et nos prières, c’est Elle-même qui nous visitera comme elle le fit, en son temps, auprès de sa cousine Elisabeth.


Ave Maria chanté

En mai prendre Marie chez soi

Si en disciple bien-aimé du Seigneur, nous avons à répondre à son appel en prenant Marie chez soi, la tradition des reposoirs domestiques s’en fait l’écho. En effet, dès 1794, à la suite des Camilliens de Ferrare, les Jésuites définissent le déroulement du mois de mai dans sa forme familiale :

La veille du 1er mai, chaque famille est invitée à dresser un autel de la Sainte Vierge dans sa maison pour la durée du mois. Sur ce reposoir est mis à l’honneur une statue de la Sainte Vierge ou une de ses images qui sera à fleurir et à éclairer.

Chaque jour, la famille est invitée à s’y réunir pour y réciter quelques prières à Notre Dame. Il peut s’agir du chapelet ou d’une dizaine ou encore de quelques prières mariales comme les litanies de la Vierge, ces invocations filiales que nous méditerons en ce mois de mai. En prenant Marie chez soi, en la plaçant au centre du foyer, c’est la Reine des familles que nous accueillons. Elle est le secours des chrétiens, la consolatrice des affligés, le siège de la sagesse et la cause de notre joie !

Confinés dans le Cénacle de nos maisons : pourquoi ne pas honorer plus particulièrement Notre Dame en ce mois de mai et dresser un tel reposoir ? Et si nous avons déjà un tel lieu dans nos maisons où nous honorons Notre Dame, fleurissons-le avec plus d’éclat pour honorer la fleur d’entre les fleurs, la Bienheureuse Vierge Marie, la Rose mystique.

Accueillir Notre Dame c’est accueillir l’Arche d’Alliance, la Maison d’or, c’est prendre refuge au sein de la Tour de David ; de la hauteur, juchés sur cette Tour d’ivoire qui nous ouvre à la contemplation du Mystère du Verbe Incarné. Pourquoi ne puiserions-nous pas, chaque jour du mois de mai, les grâces que déverse ce Vase spirituel, ce Vase honorable, ce Vase insigne de dévotion ?

Oui, le mois de mai est le mois de Marie ! Que chacun d’entre vous ait à cœur de prendre Marie chez soi, de cultiver ses vertus, de chanter ses louanges, elle est la Porte du Ciel, l’Etoile du matin ! Pourquoi ne pas prendre la résolution, chaque jour après le chapelet du mois de mai, de réciter les litanies de la Sainte Vierge ?

Quelques soit notre parenté chrétienne, nous sommes tous Enfants de Marie. Cette rubrique Mensis Marialis vise donc la promotion du mois de mai. Vous y trouverez de quoi alimenter vos méditations quotidiennes pour grandir, à l’image de Notre Seigneur, en taille et en sagesse à l’école de Notre Dame.

Au commencement de ce mois de Marie, alors que nous fêtons son époux Saint Joseph artisan, je vous bénis depuis l’autel du Seigneur.

 abbé Benjamin Martin